Dans un précédent article je vous ai parlé de la stratégie du différentiel géographique du niveau de vie, mais dans un contexte national. Aujourd'hui nous allons reparler en partie de cette stratégie dans un contexte international car nous allons aborder une stratégie de vie très puissante : l'expatriation.
C'est une stratégie que je connais bien puisque j'ai passé la plus grande partie de ma carrière en tant qu'expatrié.
Types d'expatriation
Parmi les expatriés, il y a plusieurs espèces :
- Il y a les expats que j'appelle sac à dos, comme les français qui vont en Australie pour travailler dans les exploitations agricole, ou les expats des pays en voie de développement qui vont en Europe ou en Amérique du Nord de manière plus ou moins légale pour espérer une vie meilleure. De ceux là on ne va pas en parler, car ce sont des formes d'expatriation qui vont donner des résultats limités, puisqu'à la base il y a un déficit de compétences, et ce type de profil ne pourra capter qu'une fraction des bénéfices d'une stratégie d'expatriation bien exécutée.
- Nous n'allons pas parler non plus des expattiés du secteur public (comme les personnels d'ambassades, les enseignants).
- Ensuite il y a les touristes qui viennent en vacances dans un pays, visitent des amis, et essayent de trouver un travail, en se trouvant plus ou moins à la marge de la légalité en termes de visa. Il y a de belles histoires, mais aussi beaucoup de galères avec cette démarche d'expatriation.
- Il y a aussi les expatriés retraités, comme en Espagne, au Maroc, au Costa Rica ou en Thaïlande. Ils recherchent le soleil, un coût de la vie moins cher, et parfois aussi une moindre pression fiscale.
- Il y les expatriés fiscaux, en général des professionnels à hauts niveaux de revenus qui utilisent le différentiel de taxes pour vivre mieux. Mon avis sur cette catégorie d'expatriés, c'est que c'est dommage d'avoir de l'argent mais de ne pas se donner les moyens de vivre là où on a vraiment envie d'habiter. Donc s'ils habitent en Belgique ou en Suisse, j'espère que la raison fiscale n'est pas la première, et qu'ils apprécient avant tout de vivre dans ces pays, et qu'ils ne rêvent pas secrètement d'habiter dans le 16ème arrondissement de Paris ou à Saint-Tropez.
- Il y a aussi les nomades digitaux, souvent des milleniums qui vivent de leur business sur Internet. Leurs motivations sont en général un mélange d'envie d'aventure, de life style, mais ils peuvent être aussi séduits par des considérations fiscales. Souvent ils ont leurs clients dans les pays développés, et ils ont commencé avec des petits revenus, genre 500€ par mois, et avec une telle somme, il n'y a qu'en Thaïlande, aux Philippines à Bali qu'ils peuvent vivre confortablement. Donc jouer la stratégie du différentiel de niveau de vie géographique était l'option la plus pertinente pour eux.
- Puis il y a les expatriés des grandes entreprises, comme Total ou Airbus qui envoient des cadres et techniciens qualifiés à l'étranger là où ils ont obtenu des contrats. En général il y a des packages de rémunération intéressants, mais aussi le filet de sécurité social en cas de retour involontaire en Europe.
- Et enfin, il y a les professionnels qualifiés qui arrivent à se faire embaucher par une entreprise locale. L'employeur va s'occuper de toutes les formalités de VISA. C'est à cette catégorie d'expatriés que j'appartiens. Quand une entreprise va recruter ses salariés sur un autre continent, c'est qu'elle recherche des compétences très pointues, ou bien qu'il y a un déficit de main d'œuvre local. Les salaires sont en général élevés, et s'accompagnent de bonnes conditions de vie sur place. En revanche, il n'y a aucun filet de sécurité si l'expérience tourne mal. On peut citer pour exemple les européens qui vont travailler dans les pays du golfe, ou bien des jeunes ingénieurs marocains qui vont travailler dans des SS2I à Paris, ou encore des infirmières asiatiques qui rejoignent le Québec.
Les bienfaits de l'expatriation
Vivre une expatriation, c'est tout d'abord une formidable aventure humaine qui permet de s'ouvrir aux autres et au monde, et donc de développer intensément ses SOFT SKILLS. Sur le plan professionnel, ce sont des années qui en termes d'expérience valent double voire triple. Et si vous revenez dans votre pays d'origine, votre valeur sur le marché du travail sera très largement plus élevée.
Avoir une expérience d'expatriation réussie, c'est rentrer dans le club très fermé des expatriés, et être prioritaire pour d'autres expatriations, car pour les entreprises c'est moins risqué de recruter quelqu'un qui a déjà été expatrié, plutôt que quelqu'un qui ne l'a jamais été, et qui va découvrir au bout de quelques mois que l'expatriation n'est pas pour lui. Le plus difficile c'est d'obtenir sa première expérience et de la faire durer au moins 3 ans.
S'expatrier dans certaines parties du monde, c'est rencontrer des zones en plus forte croissance que dans son pays d'origine, et des cultures de management qui reconnaissent davantage les compétences, ce qui promet une progression de carrière plus rapide.
Expatriation et finances
Sur le plan financier, nous allons trouver des situations très contrastées.
En général, les meilleures expériences d'expatriation se vivent en changeant de continent. Un Suisse qui va s'expatrier en France ou en Allemagne c'est pas la même chose qu'un Français qui va s'expatrier à Singapour, ou qu'un congolais qui va s'installer à Bruxelles ou encore d'un canadien qui va travailler à Dubaï.
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Sur le plan financier et patrimonial, je vois plusieurs cas de figure.
Le premier cas c'est quand les revenus dans le pays d'expatriation ne sont pas assez élevés par rapport au coût de la vie sur place. Ces expatriés arrivent à se constituer de petites économies qui leur servent juste à se payer un billet d'avion une fois par an pour revenir au pays. Ils ne se constituent pas de patrimoine. En revanche, ils accumulent une formidable expérience de vie, et très souvent une belle expérience professionnelle.
Ensuite il y a les expatriés à haut niveau de revenus, mais qui flambent tout en location de grandes villas, frais de personnel, voitures luxueuses et belles vacances. Ceux là ils ne se constituent pas non plus de patrimoine.
En ensuite il y a les expatriés, comme moi avant d'avoir une famille, avec des hauts revenus, peu de dépenses, un très beau life style. Mais surtout des dépenses bien maîtrisées de manière à utiliser ces années dorées pour se constituer rapidement un patrimoine.
Au début de ma carrière quand j'avais 25 ans, je me souviens avoir fait un déplacement à Hong Kong où j'avais rencontré de jeunes de mon âge qui travaillaient dans une grande banque internationale. Ils vivaient dans des logements vraiment pas terribles, et ils avaient l'air de faire très attention à leurs dépenses. Je pensais qu'ils galéraient dans une ville trop chère pour eux, mais j'ai appris ensuite qu'ils étaient traders et qu'ils gagnaient plus de 10.000€ par mois. J'imagine qu'ils ont du pendant ces années se constituer un patrimoine colossal.
En général l'inconvénient d'être expatrié, surtout dans les pays en voie de développement, c'est que c'est risqué financièrement d'acheter sa résidence principale, donc on est en location, et on n'a pas la possibilité de se constituer un patrimoine en remboursant l'emprunt sur sa résidence principale.
Il y a d'autres inconvénients à être expatrié, mais globalement c'est très bénéfique lorsque l'expatriation est réalisée dans de bonnes conditions, et repose sur un socle solide de compétences.
Je dirais que tant qu'on a pas d'enfants, cela peut être financièrement très intéressant d'être expatrié. Mais cependant, dès qu'il faut payer les écoles privées pour les enfants, un grand logement familial et les billets d'avion pour toute la famille sur les dates de vacances scolaires, il faut pouvoir assurer financièrement avec un haut niveau de salaire. Je vous invite à vous renseigner combien coûte la location d'un appartement avec 3 chambres à Dubaï ou à Singapour, ou même dans une résidence de standing à Bangkok, Jakarta ou au Panama. Vous verrez que c'est un budget conséquent.
Expatriation et patrimoine
Il faudra aussi d'une manière ou d'une autre préparer le futur en se constituant un patrimoine, mais aussi sa retraite. Car travailler à l'étranger c'est souvent ne pas cotiser pour sa retraite, ou cotiser sur des systèmes qui offrent peu de garanties de versement à horizon 50 ans.
Quand on est expatrié, il faut aussi veiller à toujours avoir de grosses économies en cas de retour précipité dans son pays d'origine sans prestations chômage. Je connais des français qui habitent depuis longtemps en famille à l'étranger, qui ont une très belle vie, mais ils n'ont pas beaucoup de patrimoine, ni de plan solide pour financer leur retraite. Et en cas de coup dur, ils se retrouverait dans des situations très précaires.
Le piège des classes moyennes en tant qu'expatrié
Si sur le court terme l'expatriation est une expérience extraordinaire, il faut être vigilant de ne pas tomber dans un autre pays dans le modèle de vie traditionnel dont j'ai déjà parlé dans d'autres articles.
C'est à dire à avoir une vie dans la moyenne, et de se retrouver en tension financière au moment de financer les études des enfants, ou les dépenses de dépendance à la fin de votre vie.
Lorsque l'on est célibataire, ou en couple sans enfants ou encore jeunes retraités, l'expatriation hors d'Europe est avantageux fiscalement, car ce sont les périodes de la vie où vous seriez fortement taxés en vivant par exemple en France, sans recevoir en retour beaucoup de prestations sociales.
Mais avec des enfants, à cause des frais de scolarités très élevés à l'étranger, mais aussi du prix de location d'un logement décent et sécurisé dans un beau quartier, l'expatriation peut s'avérer sur le plan financier moins intéressant que de vivre en France. En fait tout est une question de combien vous gagnez et de combien vous dépensez.
Pour résumer
L'expatriation c'est vraiment génial, je peux en témoigner. Mais il faut toujours challenger son expérience d'expatriation, et si le coût de la vie devient trop élevé, regarder ailleurs dans le monde s'il n'y a pas un meilleur endroit pour vivre, en appliquant la méthode du différentiel de niveau de vie géographique que nous avons vu dans un autre article.
Je reviens toujours au même sujet, mais expatrié ou pas, la clé c'est de réussir à avoir de hauts salaires et arriver à se hisser au dessus de la moyenne. Cela ne peut s'obtenir qu'en développant ses compétences, et en appliquant les bonnes stratégies pour obtenir fréquemment au cours de sa carrière des promotions internes. Je ne m'étends pas plus aujourd'hui sur ce point, si cela vous intéresse, cliquez sur le lien qui suit pour comprendre la marche à suivre pour augmenter significativement votre salaire.
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